En avoir (2) ou pas : suite

“Ah bon t’en veux pas d’autres ??? oh le pauuuuuvre !!!”

A peine mon fils Andrea avait il appris à mettre un pied devant l’autre et à manger à la cuillère, à peine ma cicatrice de césarienne devenue moins douloureuse et mes cernes estompées, qu’”ON” me harcelait déjà avec cette question : “et le deuxième alors ???”

Le ON, utilisé ici dans sa pleine signification à savoir l’ensemble de mon cercle social proche ou lointain, de la caissière du supermarché à la puéricultrice de la crèche en passant par le collègue relou qui a un avis sur tout (même si jusqu’à preuve du contraire il n’a jamais été enceinte ni connu de dépression post natale)

Tout ce beau monde attendant bien sûr de ta part, une justification claire et argumentée qui fera quoiqu’il en soit l’objet d’un jugement aussi arbitraire que sans pitié.

Arbitraire parce que, la plupart du temps ceux qui juge ta réponse le font parce qu’il ne te connaissent pas vraiment, ne pas l’effort de comprendre tes raisons et émettent un avis qui leur est propre, soit en se basant sur leur propre expérience : « ah ben moi j’ai un frère et ben j’ai eu une enfance géniale » ou “ah ben non on en a 2 et c’est super de les voir grandir ensemble !!! », mais le plus souvent dictée par devinez qui ? Mais oui encore elle : La norme sociale. Et c’est de la que viennent (à mon sens) les réflexions les plus horripilantes du genre “un seul enfant c’est pas une vraie famille” ou le fameux “ah bon il va rester tout seul ??? oh le pauuuuvre”.

D’ou le “sans pitié” car voilà tu seras inévitablement taxée d’égoïsme, toi la méchante femme qui ne veut qu’un seul enfant.

Petite aparté ici pour les femmes qui ne veulent pas d’enfant : oui voyez-vous le verdict est le même que l’on n’en veuille pas ou un seul. Le tarif pour éviter la sentence c’est 2, ni plus, ni moins.

Et petite aparté ci pour les femmes qui, elles,ont choisi d’en avoir 3 ou plus : vous aussi vous êtes une méchante femme égoïste qui ne fait des enfant que pour assouvir son propre besoin de maternité.

Bref, on le savait déjà la norme sociale est impitoyable, surtout dans ce domaine, et surtout avec les femmes.

Pour en revenir à ma propre expérience, oui je n’ai voulu qu’un seul enfant tout d’abord parce que passer du statut de méchante femme égoïste qui ne voulait pas d’enfant à celui de méchante femme égoïste qui ne veut qu’un seul enfant avait déjà nécessité une refonte complète de tout “mon projet” de vie (se projeter dans une vie avec ou sans enfant ça fait quand même une sacrée différence) et ensuite m’a coûté une impitoyable et douloureuse dépression que je raconte ICI , parce que fondamentalement je ne me sentais pas “faite” pour être mère.

Cela ne s’explique pas et ne se justifie encore moins.

Donc j’ai fais le choix au combien égoïste de n’avoir qu’un seul enfant, pour être en mesure d’assumer au mieux mon rôle de mère sans me sentir angoissée, stressée et dépassée par une tâche que je ne me sentais pas en mesure d’assumer.

Nous avons fait à deux le choix de ce mode de vie de famille en “trio” qui fait la part belle au couple.

Dans notre vie de parents, nous avons voulu préserver et laisser une place importante à notre vie de couple en habituant très vite notre fils à passer la nuit chez ses grands parents ou chez des amis proches, à passer des soirées avec mes cousines qui jouaient les baby-sitters à l’époque…

Et vous savez quoi ? je n’ai aucun regret, nous n’avons aucun regret.

Dès qu’il a été en age de comprendre, lorsqu’il m’a posé la question j’ai expliqué à mon fils que si nous n’avions eu qu’un seul enfant c’était parce que je ne me sentais pas capable de revivre une nouvelle fois l’expérience de la maternité et d’assumer l’éducation de plusieurs enfants.

Que je préférais me donner toutes les chances d’être la meilleure mère possible en le laissant enfant « unique » plutôt que de prendre le risque d’être la mère défaillante de plusieurs enfants.

Autour de moi j’ai vu nombre de mamans complètement accablées, de couple se perdre ou s’oublier après la naissance d’un deuxième enfant conçu dans le seul but de fonder « une vraie » famille et qui finalement se retrouvaient complètement dépassés par la charge de travail et de responsabilités que cela représentaient, non que ce soit insurmontable, mais parce que certains n’étaient pas vraiment prêts ou pas vraiment faits pour fonder cette soit-disant famille modèle mais se sont quand même lancés par peur de le regretter ou par culpabilité de laisser l’aîné « tout seul ».

L’autre jour ma jeune coiffeuse m’a confié qu’elle n’avait pas vraiment envie d’avoir un deuxième enfant, qu’elle n’en ressentais pas le besoin, qu’elle aimait beaucoup leur vie à trois, mais qu’elle se sentait coupable de laisser son aîné « tout seul » et que son mari, lui, aimerait un deuxième.

Je me suis permise de lui conseiller de faire selon son propre ressenti, de s’écouter, que si elle faisait ce deuxième enfant uniquement pour les autres (son mari ou son fils), elle prenait le risque de ne jamais assumer pleinement cette maternité « forcée » et que ce serait forcément nocif, d’une manière ou d’une autre, à son couple et à sa façon de gérer leur parentalité multiple.

Un enfant peut se sentir très seul au sein d’une fratrie si celle ci est mal assumée par des parents dépassés, épuisés, ou qui ne se sentent plus en phase l’un avec l’autre…

Aujourd’hui Andrea a 13 ans et si vous lui demandez, il n’a aucun mais alors aucun problème avec le fait d’être enfant unique.

Il ne sent pas « tout seul », n’a jamais ressenti particulièrement de « solitude » à ne pas faire partie d’une fratrie. Il se sent aimé et choyé ce qui est le cas. Nous avons essayé de développer au mieux sa sociabilité en l’habituant à la vie en communauté et en lui inculquant les valeurs de partage.

Quand, comme nous l’avons fait hier après midi (cession shopping et goûter en ville), je passe du temps avec lui et que l’on partage un moment de complicité je me sens tout à la fois heureuse, chanceuse et fière d’avoir su prendre les décisions, faire les choix qui nous ont mené à développer ce type de relation avec lui.

Alors vous voyez ou je veux en venir ?

Au final on en arrive toujours à la même conclusion : soyez vous même, écoutez vous.

Ne prenez pas les décision que l’on attend de vous mais celle que vous ressentez de manière viscérale et profonde.

En bref, apprenez à dire merde à la « norme sociale ».

3 réflexions sur “En avoir (2) ou pas : suite

  1. C’est très juste tout ça.
    Nos choix nous appartiennent et nous ne devrions jamais les imposer aux autres. Parce que ce qui nous parait évident ne l’est pas forcément pour l’autre.
    Mère d’un enfant aussi, même si ma situation personnelle est différente, moi qui rêvais d’une famille nombreuse, la maternité m’ a filé une sacrée claque et aujourd’hui je me dis la même chose, je préfère élever mon fils correctement que faire des dégâts avec plusieurs enfants.
    Il n’y a pas de règle en la matière, le tout est d’être en phase avec soi-même.
    Merci pour ce bel article

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  2. Effectivement, tout ça est vrai et en tant que fils unique, j’approuve très clairement le fair que je ne me sens ni seul, ni délaissé. Au contraire ne pas avoir de frèez concentre tout l’amour paternel et maternel de mes parents sur moi…

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